C’est grâce aux Bouches Bées, mon groupe de country-folk vocal, que je suis revenue en forme de mon épuisement à la suite de la sortie de mon premier album. C’est aussi en quelque sorte grâce à elles que j’ai commencé à jouer du ukulélé, l’instrument qu’on peut entendre en solo dans la pièce « En t’attendant dehors ».
Il y a déjà plusieurs années, j’étais en vacances à Cuba (rien de trop beau pour la classe ouvrière), près de Holguin, pour profiter de quelques pina coladas et autres largesses. Nous étions parties une semaine, et j’avais un spectacle des Bouches Bées prévu peu de temps après mon retour. Empreinte d’un certain enthousiasme, j’avais envie de profiter des activités offertes sur le site de notre humble hôtel, en particulier des balades à cheval. Quand même, j’adore les chevaux, j’étais ravie. Nous avons donc fait de courtes randonnées à quelques reprises sur ces petits chevaux bien sympathiques et un peu maigrichons. Puisque la vie est faite de cette loi de Murphy, nous avons fait une ultime randonnée à notre avant-dernière journée de vacances…
Bien assise sur mon cheval préféré, coiffée de mon tout nouveau chapeau de cowboy frais-fait qui sentait encore la vache, j’appréciais le paysage aride et plat de la côte, le vent dans les cheveux. Emballée, je donnai quelques coups de talons sur le flanc de ma monture pour suivre le groupe qui entamait un pas plus rapide. Mon cheval galopait un peu croche, mais je ne le remarquai pas, tout absorbée par le moment de grâce western que j’étais en train de vivre. Puis, je me souviens avoir eu soudain conscience que mon cheval s’accrochait un peu dans les roches du sentier… jusqu’à ce qu’il s’enfarge pour de bon dans ses propres pattes (c’est la seule explication) et qu’il CULBUTE tête première dans les roches… avec moi sur son dos.
Heureusement, je ne me suis pas blessée aussi gravement que le pauvre animal, dont le visage déchiré suintait au soleil, et je me suis seulement foulé le pouce gauche après avoir manqué de perdre connaissance deux ou trois fois.
Vous devinerez que jouer de la guitare avec un pouce foulé, ce n’est pas évident. À mon retour de Cuba, nous avons établi que je jouerais du ukulélé au lieu de la guitare lors de notre spectacle… et c’est ainsi que j’y ai tellement pris goût que le ukulélé fait maintenant partie de mon attirail musical.
EN T’ATTENDANT SUR LE BÉTON
Ça y est, il pleut, manquait juste ça… je t’attends dehors
Je suis partie plus tôt, ça m’arrive même plus, ces besoins de temps mort
Je sais plus pourquoi… un mal de l’être ou le besoin d’air
Un regard froid, un verre de trop
Et la chimère s’en mêle
J’aurais pu, j’aurais dû faire fi du déboire
Des « j’aurais dû », j’en ai plein mes tiroirs
Je prends mon orgueil, quelques sous blancs
Les cabines sont rares, la musique forte, la sueur est sourde
Tu ne réponds pas…
J’aurais pu, j’aurais dû faire fi du déboire
Des « j’aurais dû », j’en ai plein mes tiroirs
La rue vacante à l’horizon, je guette le moindre klaxon
Mes clefs, à plat, dans le salon
Je suis à l’abri sous le balcon, le cul tendu sur le béton
J’appelle doucement ton nom
Il pleut presque plus… mes yeux bouffis, tu sors d’un taxi
Quelle heure y est rendu ? Qu’est-ce que je fais là ?
Prends-moi dans tes bras